Le cru du 1er mai 2013 resisteras t’il a la pluie et aux divisions ?

Les syndicats compromis par la signature de l'ANI se plaignent qu'ils ne pourront pas feter le 1er mai avec leurs copains car ils craignent de se faire traiter de jaunes! 
Mais on ne dirais pas qu'ils se remettent en compte, alors n'hesitez a vous rappeller que ce jour là en tant que jour ferié et les acquis associés  s'est gagné dans le sang !
Pas dans des réunions où des organisations se sont pliés devant l'etat et les patrons. Alors demain malgrès la pluie, malgres l'ANI rejoins nous 
à 11h00 Place d'arme mercredi 1er mai 

Dans le Poitou, quatre syndicats refusent de manifester [ensemble] pour la Fête du Travail, ce 1er mai.

Le 1er mai,son muguet,[note de la redac = le muget c’est un ajout des années 40′]   son jour férié… et ses manifestations. Défiler est une tradition pour la Fête du Travail chaque année.

Mais les cortèges sont divisés cette année : les 4 syndicats qui ont signé l’accord national interprofessionnel (ANI) refusent de manifester avec deux autres, la CGT et Force Ouvrière. Ils se disent victimes d’insultes, depuis la signature de l’ANI.
La CFDT, l’UNSA, la CGC et la CFTC appellent donc à ne pas défiler.

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( Véronique Estevenet, secrétaire de la CFDT 86)

A Poitiers, deux manifestations sont prévues ce 1er mai : La CGT et Solidaires se rassemblent place Leclerc à 11h. Force Ouvrière réunit ses troupes, place de la liberté à 11 h. Des manifestations sont prévues aussi à Loudun, Châtellerault et Chauvigny.

lu et entendu sur france bleu poitou

Historique du 1er mai

Qu’elle soit interdite où fériée, cette journée de luttes interna­tionale puise son origine dans l’histoire du mouvement anar­chiste, ce qui, au-delà des sim­ples revendications, lui confère une véritable quête d’émancipa­tion et de liberté.

Le samedi 1er mai 1886, à Chicago : cette date fixée par les syndicats amé­ricains et le journal anarchiste « The Alarm » afin d’organiser un mouvement revendicatif pour la journée de 8 heu­res, aura des conséquences inattendues pour la classe ouvrière internationale. La grève, suivie par 340 000 salariés, paralyse près de 12 000 usines à tra­vers les USA. Le mouvement se pour­suit les jours suivants; le 3 mai, à Chicago, un meeting se tient près des usines Mc Cormick.

Des affrontements ont lieu avec les « jaunes » et la police tire sur la foule, provoquant la mort de plusieurs ou­vriers. Le 4 mai, tout Chicago est en grève et un grand rassemblement est prévu à Haymarket dans la soirée. Alors que celui-ci se termine, la police charge les derniers manifestants. C’est à ce moment là qu’une bombe est jetée sur les policiers, qui ripostent en ti­rant. Le bilan se solde par une dou­zaine de morts, dont 7 policiers. Cela déclenche l’hystérie de la presse bour­geoise et la proclamation de la loi martiale. La police arrête 8 anarchis­tes, dont deux seulement étaient pré­sents au moment de l’explosion. Mais qu’importe leur innocence; un procès, commencé le 21 juin 1886, en condamne 5 à mort; malgré l’agitation internationale, ils seront pendus le 11 novembre, sauf Lingg qui se suicidera la veille, dans sa cellule.

Trois ans plus tard, en 1889, le congrès de l’Internationale Socialiste réuni à Paris décidera de consacrer chaque année la date du 1er mai : journée de lutte à travers le monde.

Le « 1er mai » sera d’abord récupéré par la révolution bolchevique, puis par les nazis, et enfin par le régime de Vichy qui le transformera en « Fête du tra­vail », sans jamais réussir totalement à lui enlever son origine libertaire.

Le 1er mai 1890, à Vienne (départe­ment de l’Isère), la population ouvrière répondant à l’appel des anarchistes Louise Michel, EugèneThennevin, et Pierre Martin descend dans les rues pour inciter ceux qui travaillent à se mettre en grève. Le cortège arborant drapeaux rouges et drapeaux noirs et chantant « la Carmagnole » ne tarde pas à se heurter aux « forces de l’ordre ». Des barricades sont érigées, l’usine d’un patron du textile est pillée, mais les meneurs sont arrêtés. Des grèves spontanées se poursuivront durant une semaine.

De nombreux 1er mai seront marqués par des événements tragiques, comme à Fourmie (France) en 1891, où l’ar­mée tira sur la foule, faisant 10 morts parmi les manifestants.

Le 1er mai 1907, à Paris, durant la manifestation, l’anarchiste russe Jacob LAW, né à Balta en 1887, tire 5 coups de revolver du haut de l’impériale d’un autobus sur les cuirassiers. Arrêté, il sera condamné à 15 ans de bagne en Guyane, d’où il sera libéré le 10 mai 1924. Toujours anarchiste, il publiera, en 1926, ses souvenirs : « Dix-huit ans de bagne ».

Le 1er mai 1936, Espagne, sortie du premier numéro de la revue culturelle et de documentation sociale : « Muje­res Libres », organe et porte-parole des militantes anarchistes féminines espa­gnoles et de leur mouvement d’éman­cipation M.M.LL.

La revue, née deux mois avant que n’éclate la révolution, s’imposera rapi­dement par la qualité de ses textes et l’esprit révolutionnaire qui l’animera jusqu’en octobre 1938, avant que la défaite ne contraigne les militantes à la mort ou à l’exil.

Le 1er mai 1968, à Paris. Lors de la traditionnelle manifestation, des ba­garres éclatent autour du drapeau noir lorsque des communistes tentent d’ex­clure les anarchistes du cortège.

Le 1er mai 1990, à Paris, la station de métro « Stalingrad » est rebaptisée « Commune de Kronstadt » par le groupe libertaire Commune de Paris. » S’il y a faillite des idéologies, ce n’est pas le cas de nos idéaux reposant sur la liberté de chacun, l’égalité pour tous, l’entr’aide et le fédéralisme auto­gestionnaire. »

Quelques jalons

Les «trois huit»

Ainsi s’appelle l’organe officiel d’organisation de la manifestation internationale du 1er Mai. Dans son édition de 1895, Jules Guesde expli­que ce qu’il faut entendre par ce qu’il appelle le jour social de huit heures: «Ce que nous revendiquons, c’est une loi qui interdise de faire travailler plus de huit heures par jour.» Autrement dit, huit heures de travail, huit heures de repos et huit heures pour s’instruire et cultiver son corps.

Le décret du 2 mars 1848

Parce qu’«un travail manuel trop pro­longé non seulement ruine la santé mais en l’empêchant de cultiver son intelligence porte atteinte à la dignité de l’homme», la IIe République par voie de décret réduit d’une heure la journée de travail. Elle passe à dix heures à Paris et à onze heures en pro­vince.

Sous la pression du patronat ce décret est abrogé quelques mois plus tard, soit le 9septembre 1848.

1868 : les huit heures aux États-Unis

Le gouvernement américain accorde, en 1868, la journée de huit heures à tous les journaliers, ouvriers, artisans, employés par l’administration fédé­rale.

1884 : congrès de l’American Federation of Labor

A l’occasion du IVe congrès de l’American Federation of Labor qui se tient à Chicago en 1884, pour la pre­mière fois dans l’histoire du mouve­ment ouvrier est lancée l’idée d’organiser une manifestation un 1er mai afin d’aboutir à la journée de huit heures. Les congressistes de l’époque ambitionnent d’atteindre leur objectif le 1er mai 1886.

1886 : la grève de Chicago

Le 1er mai à Chicago éclate une grève. Elle sera suivie le 3 mai d’une mani­festation des grévistes qui sera vio­lemment réprimée par la police. Le bilan officiel des victimes sera de 6 morts et 50 blessés. Le lendemain au cours d’une grande manifestation de protestation une bombe est lancée contre les forces de police, lesquelles tirent sur la foule. Jamais le bilan exact des victim

es ne sera communi­qué. En revanche des militants seront par la suite arrêtés, condamnés sans preuve et exécutés.

1889 : le congrès de la IIe In­ternationale

C’est à Paris l’année même du premier centenaire de la Révolution française que blanquistes et guesdistes tiennent au 42, rue Rochechouart, salle des Fantaisies parisiennes, le deuxième congrès de l’Internationale socialiste. Ce congrès décide qu’il sera«organisé une grande manifestation à date fixe de manière que dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en de­meure de réduire légalement à huit heures la journée de travail et d’appliquer les autres résolutions du congrès. Attendu qu’une semblable manifestation a été déjà décidée pour le 1er mai 1890 par l’Afl, dans son congrès de décembre1888 tenu à Saint Louis, cette date est adoptée pour la manifestation.»

1891 : Fourmies

Dans une petite ville du nord de la France, une manifestation pacifique se rend en cortège à la mairie. La troupe, équipée des tout nouveaux fusils Lebel et Chassepot d’une portée de tir supé­rieure à deux kilomètres, tire à bout portant sur la foule. Parmi les morts, huit victimes ont moins de vingt et un ans, dont la jeune ouvrière Marie Blondeau et un jeune conscrit du nom d’Edouard Giloteaux. Habillée de blanc et les bras couverts de fleurs, Marie Blondeau restera longtemps dans l’imagerie populaire comme une sorte de Vierge profane.

1919 : le traité de Versailles

La fin de la Première Guerre mondiale va sonner en deux temps l’avènement de la journée de huit heures. D’abord la loi du 23avril sur les huit heures est publiée au Journal officiel de la Répu­blique française le 25avril. Ensuite, le 22 juin est signé (pour la France par Georges Clemenceau, par le président Wilson pour les États-Unis et par Llyod George pour la Grande-Breta­gne) le traité de Versailles qui fixe dans son article247 «l’adoption de la journée de huit heures ou de la se­maine de quarante-huit heures comme but à atteindre partout où elle n’a pas encore été obtenue». La fin de la guerre est aussi l’occasion de mettre en place la SDN (Société des nations) ainsi que l’Organisation internationale du travail (OIT). Si la SDN a été rem­placée, depuis, par l’Onu, l’Oit, elle, a survécu au second conflit mondial.

Dès lors les manifestations du 1er Mai porteront d’autres revendications que la journée de huit heures tout en pour­suivant ce grand rêve prolétarien de l’époque: la société libérée du travail contraint.

En attendant que le droit à la paresse revendiqué par le gendre de Karl Marx soit établi, le mouvement ouvrier va partir à la conquête des congés payés.

1926 : la revendication des congés payés

C’est sans aucun doute à l’occasion du congrès que tient la Cgt en 1926 (une partie de ses membres est allée fonder la Cgt-Unitaire) qu’apparaît pour la première fois la revendication des congés payés pour tous les salariés (certaines professions les ont déjà obtenus). C’est également en 1926 que la Cgt prend position en faveur des assurances sociales. Une question qui n’avait rien de consensuel puisqu’à l’époque des syndicalistes étaient contre toute cotisation payée par les salariés.

1929 : la montée des périls en Allemagne

Dans l’histoire sociale et politique allemande ce 1er Mai 1929 restera marqué d’une pierre noire. Les mani­festations sont interdites à Berlin par le préfet Zoot Giebel. Les manifestants passent outre l’interdiction. La répres­sion sera sanglante. Elle fera trente-trois morts et deux cents blessés. La division entre les communistes et so­cialistes est à son comble.

1936 : le 1er Mai du Front po­pulaire

Dans l’histoire du 1er Mai l’année 1936 est certainement une des plus importantes. Plusieurs événements vont la marquer. D’abord dès le mois de mars se tient du 2 au 6 mars le congrès au cours duquel la Cgt se ré­unifie. Ensuite la manifestation du 1er Mai tombe deux jours avant les élec­tions législatives qui vont porter au pouvoir les forces politiques du Front populaire. Enfin après un mouvement de grève mémorable sont signés en juin les accords de Matignon qui léga­lisent la semaine de quarante heures, les congés payés ainsi que les conven­tions collectives. L’année suivante le 1er Mai 1937 aura lieu sans doute la plus grande manifestation jamais or­ganisée en France.

1941 : la fête du Travail

Si la notion de fête du Travail n’est pas une invention de la génération des années quarante puisqu’on trouve cette formule sous la plume de Jules Guesde dès 1890, c’est bien le gouvernement de Vichy qui fait du 1er Mai 1941, par la loi Belin, un jour chômé et payé. Le 1er Mai devient «la fête du Travail et de la concorde nationale». L’idée de légaliser cette journée de manifesta­tion internationale sera reprise à la Libération mais avec un tout autre but que la promotion de l’ordre corpora­tiste.

1947 : journée chômée

En avril 1947, sur proposition du dé­puté socialiste Daniel Mayer et avec l’accord du ministre du Travail, le communiste Ambroise Croizat, le 1er Mai devient dans toutes les entreprises publiques et privées un jour chômé et payé. Cependant le 1erMai ne sera pas assimilé à une fête légale.

1954 : les manifestations sont interdites

Alors que la guerre d’Indochine se termine pour les autorités françaises avec la partition du Vietnam, une autre guerre, une guerre sans nom com­mence en Algérie. Elle va durer huit ans.

Dès lors les manifestations seront interdites dans Paris. Celle du 1er Mai 1954 se transformera en un rassem­blement sur la pelouse de Reuilly. Il faudra attendre quinze années c’est-à-dire 1968 pour qu’à l’initiative de la Cgt, à nouveau, le monde du travail se donne rendez-vous dans les rues de Paris pour défiler un 1er Mai. Le cor­tège partira de la République pour se rendre à la Bastille symbole des liber­tés recouvrées. Depuis, les cortèges du 1er Mai ont connu des fortunes diver­ses. La manifestation la plus impor­tante de l’après-mai 1968 fut proba­blement celle de 1975, qui fut prétexte à fêter la fin de la guerre de Vietnam.

Les illustrations proviennent de la bande dessinée de Phil Casoar et Sté­phane Callens: Les aventures épatan­tes et véridiques de Benoît Broutchoux (ed. Humeurs Noires & Centre Cultu­rel Libertaire de Lille)

texte lu sur anarchie.be

Les Martyrs de Chicago – aux origines du 1er mai

 
 Le 1er mai 1886, la pression syndicale permet à environ 200 000 travailleurs américains d’obtenir la journée de huit heures. Mais d’autres, moins chanceux, au nombre d’environ 340 000, doivent faire grève pour forcer leur employeur à céder.

Le 3 mai, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester, à Chicago. Une marche de protestation a lieu le lendemain et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers. C’est alors qu’une bombe explose devant les forces de l’ordre. Elle fait une quinzaine de morts dans les rangs de la police.

Aux origines du 1er mai

Fondée en 1881, l’ancê­tre directe de l’AFL [1], la FOTLU [2] ne regroupe que les ouvriers qua­li­fiés (des hommes, blancs et amé­ri­cains de souche) et ne compte que 50 000 adhé­rents. Mais lors d’un congrès elle décide de mettre au pre­mier plan de ses reven­di­ca­tions la jour­née de huit heures et de rete­nir la date du 1er mai 1886 pour une mani­fes­ta­tion de masse. Commence alors une immense cam­pa­gne de pro­pa­gande qui ren­force l’orga­ni­sa­tion. Dès avril 1886, quel­ques entre­pri­ses accor­dent même à leurs sala­riés la jour­née de huit heures sans dimi­nu­tion de salaire : 200 000 tra­vailleurs envi­ron béné­fi­ciè­rent d’une réduc­tion de tra­vail.

En 1886, les Chevaliers du Travail (fondé en 1868 avec de fortes réfé­ren­ces maçon­ni­ques [3]) ras­sem­ble tous les tra­vailleurs au niveau d’une loca­lité, Blancs et Noirs, femmes et hommes, Américains de « souche » et immi­grants : ouvriers qua­li­fiés et non, ils repré­sen­tent plus de 700 000 adhé­rents. Les adhé­rents de l’Ordre jouè­rent le rôle prin­ci­pal dans la grève du 1er mai 1886, bien que la direc­tion de l’Ordre l’ait condam­née. Les res­pon­sa­bles et les mili­tants des Chevaliers du Travail furent les prin­ci­pa­les vic­ti­mes de la répres­sion après le mas­sa­cre de Haymarket, bien que la direc­tion de l’Ordre ait refusé d’inter­ve­nir en faveur des condam­nés de Chicago. Les Chevaliers du Travail allaient par la suite rapi­de­ment péri­cli­ter.

L’ini­tia­tive des ouvriers amé­ri­cains n’aurait eu qu’un faible reten­tis­se­ment dans le pays et à l’étranger sans les événements tra­gi­ques de Chicago qui émurent le monde entier.

Sûrs de l’impu­nité, les mili­ces patro­na­les pro­vo­quaient des inci­dents san­glants. Le 3 mai, des ouvriers qui manife devant l’usine de machi­nes agri­co­les Mac Cormick, à Chicago sont tirés à bout por­tant par des détec­ti­ves privés, la bataille qui s’engage fait de nom­breu­ses vic­ti­mes. Les gré­vis­tes sont prin­ci­pa­le­ment d’ori­gine alle­mande et, dans leur jour­nal « Arbeiter Zeitung » (Journal des Travailleurs) paraît l’appel sui­vant :

« Esclaves, debout ! La guerre de clas­ses est com­men­cée. Des ouvriers ont été fusillés hier devant l’établissement Mac Cormick. Leur sang crie ven­geance. Le doute n’est plus pos­si­ble. Les bêtes fauves qui nous gou­ver­nent sont avides du sang des tra­vailleurs, mais les tra­vailleurs ne sont pas du bétail d’abat­toir. A la ter­reur blan­che, ils répon­dront par la ter­reur rouge. Mieux vaut mourir que de vivre dans la misère. Puisqu’on nous mitraille, répon­dons de manière que nos maî­tres en gar­dent long­temps le sou­ve­nir. La situa­tion nous fait un devoir de pren­dre les armes. »

Dans la soirée du 4 mai, plus de 15 000 ouvriers se ren­dent sur la place au foin (Haymarket) pour y mani­fes­ter paci­fi­que­ment (il leur avait été com­mandé de s’y rendre sans armes). Des dis­cours sont pro­non­cés, notam­ment par Spies, Parsons, Fielden. La foule se retire, quand une cen­taine de gardes natio­naux charge avec vio­lence. Une bombe, lancée on ne sait d’où, tombe au milieu des forces de police en tuant sept et en bles­sant griè­ve­ment une soixan­taine. Les auto­ri­tés pro­cède à des arres­ta­tions parmi les meneurs de gré­vis­tes et les rédac­teurs de l’« Arbeiter Zeintung » : Auguste Spies, né à Hesse (Allemagne), en 1855 ; Samuel Fielden, sujet anglais, né en 1846 ; Oscar Neebe, né à Philadelphie, en 1846 ; Michel Schwab, né à Mannhelm (Allemagne), en 1853 ; Louis Lingg, né en Allemagne, en 1864 ; Adolphe Fischer, né en Allemagne, en 1856 ; Georges Engel, né en Allemagne, en 1835 ; Albert Parsons, Américain, né en 1847.

Le ver­dict est rendu le 17 mai. Les huit accu­sés sont condam­nés à être pendus. Une mesure de grâce inter­vint pour Schwab et Fielden, dont la peine est com­muée en prison à per­pé­tuité, et de Neebe dont la peine est réduite à quinze ans de prison. Le 11 novem­bre 1887, les autres sont exé­cu­tés, mis à part Lingg qui s’est sui­cidé.

Six ans plus tard, un nou­veau gou­ver­neur de l’Illinois John Altgeld, conclut à l’entière inno­cence des condam­nés : « Une telle féro­cité n’a pas de pré­cé­dent dans l’his­toire. Je consi­dère comme un devoir dans ces cir­cons­tan­ces et pour les rai­sons ci-dessus expo­sées, d’agir confor­mé­ment à ces conclu­sions et j’ordonne aujourd’hui, 26 juin 1893, qu’on mette en liberté sans condi­tion Samuel Fielden, Oscar Neebe et Michel Schwab ». Spies, Lingg, Engel, Fischer et Parsons sont réha­bi­li­tés.

L’idée amé­ri­caine est reprise par les tra­vailleurs des autres pays. En 1889, à Paris, lors d’un congrès inter­na­tio­nal, une pro­po­si­tion deman­dant « l’orga­ni­sa­tion d’une grande mani­fes­ta­tion inter­na­tio­nale en faveur de la réduc­tion des heures de tra­vail qui serait faite à une date fixe, la même pour tous » est adop­tée et la date en est celle choi­sie par les tra­vailleurs amé­ri­cains. Le 1er mai prend alors dans le monde entier la signi­fi­ca­tion d’une jour­née de reven­di­ca­tion des tra­vailleurs face à la société capi­ta­liste.

OLT

LE 1er MAI : SYMBOLE D’UNE ÈRE NOUVELLE DANS LA VIE ET LA LUTTE DES TRAVAILLEURS

par Makhno (écrit en 1928)

La jour­née du pre­mier Mai est consi­dé­rée dans le monde socia­liste comme la fête du Travail. C’est une fausse défi­ni­tion du 1er Mai qui a tel­le­ment péné­tré la vie des tra­vailleurs qu’effec­ti­ve­ment dans beau­coup de pays, ils le célè­brent ainsi. En fait, le pre­mier mai n’est pas un jour de fête pour les tra­vailleurs. Non, les tra­vailleurs ne doi­vent pas, ce jour là rester dans leurs ate­liers ou dans les champs. Ce jour là, les tra­vailleurs de tous pays doi­vent se réunir dans chaque vil­lage, dans chaque ville, pour orga­ni­ser des réu­nions de masse, non pour fêter ce jour ainsi que le conçoi­vent les socia­lis­tes étatistes et en par­ti­cu­lier les bol­che­viks, mais pour faire le compte de leurs forces, pour déter­mi­ner les pos­si­bi­lité de lutte directe contre l’ordre pourri, lâche escla­va­giste, fondé sur la vio­lence et le men­songe. En ce jour his­to­ri­que déjà ins­ti­tué, il est plus facile à tous les tra­vailleurs de se ras­sem­bler et plus com­mode de mani­fes­ter leur volonté col­lec­tive, ainsi que de dis­cu­ter en commun de tout ce qui concerne les ques­tions essen­tiel­les du pré­sent et de l’avenir.

Il y a plus de qua­rante ans les tra­vailleurs amé­ri­cains de Chicago et des envi­rons se ras­sem­blaient le pre­mier Mai. Ils écoutèrent là des dis­cours de nom­breux ora­teurs socia­lis­tes, et plus par­ti­cu­liè­re­ment ceux des ora­teurs anar­chis­tes, car ils assi­mi­laient par­fai­te­ment les idées liber­tai­res et se met­taient fran­che­ment du côté des anar­chis­tes.

Les tra­vailleurs amé­ri­cains ten­tè­rent ce jour là, en s’orga­ni­sant, d’expri­mer leur pro­tes­ta­tion contre l’infâme ordre de l’Etat et du Capital des pos­sé­dants. C’est sur cela qu’inter­vien­nent les liber­tai­res amé­ri­cains Spiess, Parsons et d’autres. C’est alors que ce mee­ting fut inter­rompu par des pro­vo­ca­tions de mer­ce­nai­res du Capital et s’acheva par le mas­sa­cre de tra­vailleurs désar­més, suivi de l’arres­ta­tion et de l’assas­si­nat de Spiess, Parsons et d’autres cama­ra­des.

Les tra­vailleurs de Chicago et des envi­rons ne se ras­sem­blaient pas pour fêter la jour­née du pre­mier Mai. Ils s’étaient ras­sem­blés pour résou­dre en commun les pro­blè­mes de leur vie et de leurs luttes.

Actuellement aussi, par­tout où les tra­vailleurs se sont libé­rés de la tutelle de la bour­geoi­sie et de la social démo­cra­tie liée à elle (indif­fé­rem­ment men­che­vi­que ou bol­che­vi­que) ou bien ten­tent de le faire, ils consi­dè­rent le 1er Mai comme l’occa­sion d’une ren­contre pour s’occu­per de leurs affai­res direc­tes et se préoc­cu­per de leur émancipation. Ils expri­ment, à tra­vers ces aspi­ra­tions, leur soli­da­rité et leur estime à l’égard de la mémoire des mar­tyrs de Chicago. Ils sen­tent donc que cela ne peut être pour eux un jour de fête. Ainsi, le pre­mier Mai, en dépit des affir­ma­tions des « socia­lis­tes pro­fes­sion­nels » ten­dant à le pré­sen­ter comme la fête du tra­vail, ne peut pas l’être pour les tra­vailleurs cons­cients.

Le pre­mier Mai, c’est le sym­bole d’une ère nou­velle dans la vie et la lutte des tra­vailleurs, une ère qui pré­sente chaque année pour les tra­vailleurs, de nou­vel­les, de plus en plus dif­fi­ci­les, et déci­si­ves batailles contre la bour­geoi­sie, pour la liberté et l’indé­pen­dance qui leur sont arra­chées, pour leur idéal social.

(Source : Diélo trouda, n°36, 1928)

P.-S.

La BD est parue dans La Brique n°13 – avril 2009. http://www.labrique.net/

Lire aussi sur le sujet Retour sur l’histoire du 1er mai sur le site Hérodote.

lu sur rebelyon

Notes

[1] American Federation of Labor (Fédération Américaine du Travail – AFL).

[2] Fédération des Métiers Organisés et des Syndicats de Travailleurs.

[3] Le Noble and Holy Order of the Knights of Labor (Noble et saint ordre des chevaliers du travail).

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